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Les styles d'apprentissage

Pour apprendre, chacun dispose d'un style personnel, d'une façon qui lui est particulière d'organiser les informations. C'est ce que l'on appelle en pédagogie et en psychologie les styles d'apprentissages.Chaque individu a des styles d'apprentissage différents. Ce qui explique qu' une situation pédagogique ne soit pas perçue de façon identique par tous les apprenants.


Comment les enseignants peuvent-ils tenir compte des ces critères dans leur enseignement? Comment peuvent-ils proposer à leurs apprenants des activités adaptées à leurs différents styles d'apprentissage? Quelles sont les implications pédagogiques ?

Définition

"Le style d'apprentissage est la manière dont chaque apprenant commence à se concentrer sur une information nouvelle et difficile, la traite et la retient". Dunn et Dunn, 1993
"Les styles d'apprentissage sont des comportements cognitifs, affectifs et physiologiques caractéristiques des individus et qui servent comme indicateurs relativement stables de la manière dont les apprenants perçoivent, interagissent et répondent dans un environnement d'apprentissage". Keefe, 1979
Les styles d'apprentissage seraient selon certains théoriciens la ou les façon(s) dont un apprenant est programmé pour apprendre de la manière la plus efficace. Des apprenants auraient des cheminements nerveux plus rapides et plus efficaces que d'autres, et ils préfèreraient de ce fait travailler en les utilisant.
Remarque:
Il ne faut pas confondre la notion de "style d'apprentissage" avec celle de "stratégies d'apprentissage" qui sont des "actions volontaires (ou involontaires) d'un apprenant qui servent à améliorer une partie de son apprentissage ou à résoudre un problème dans sa production d'une langue." Par exemple, on peut traduire un mot pour le retenir.

Le style d'apprentissage et le style cognitif sont des concepts distincts même s'ils sont souvent confondus. Pour les puristes, le style cognitif est inné ou stable tandis que le style d'apprentissage résulte de l'inné et de l'acquis et peut donc évoluer par l'expérience.
Dans la littérature scientifique, les styles cognitifs vont en général par deux.
Le tableau ci-dessous recense quelques styles cognitifs parmi les plus classiques et les caractérise en quelques mots.

Auditifs (1)
  • Vous intégrez plus facilement ce que vous entendez.
  • Vous vous appuyer surtout sur la chronologie, le déroulement du discours, pour mémoriser.
Visuels
  • Vous intégrez plus facilement ce que vous voyez, et vous visualisez dans votre tête ces éléments.
  • Vous faites appel à ces images mentales pour vous en souvenir.
Dépendants du champ(2)
  • Vous préférez qu'on vous fournisse un cadre de travail précis.
  • Vous êtez sensibles au contexte affectif et social.
  • Vous êtes capables de prélever des informations plus larges que celles qui sont demandées.
  • Vous avez tendance à faire confiance aux informations d'origine externe, environnementale.
  • Vous avez tendance à restituer les données telles qu'elles ont été proposées.
  • Vous avez besoin de buts externes.
  • Vous êtes un apprenant synthétique.
Indépendants du champ
  • Vous vous préoccupez d'abord du contenu du travail à faire, quel qu'en soit le contexte.
  • Vous répondez strictement à la question posée.
  • Vous avez tendance à faire confiance aux repères personnels, d'origine interne.
  • Votre apprentissage est impersonnel, c'est-à-dire que vous pouvez apprendre sans être influencé par le contexte social et affectif.
  • Vous avez tendance à restructurer personnellement les données.
  • Vous êtes un apprenant analytique.
Réflexifs (3)
  • Vous hésitez à prendre la parole et différez votre réponse afin de vous assurez que vous ne vous trompez pas.
  • Vous allez privilégier l'indécision pour ne pas commettre d'erreurs, au risque de regretter d'avoir parlé.
Impulsifs
  • Vous prenez facilement la parole pour répondre sans avoir peur de commettre d'erreurs.
  • Votre raisonnement se construit au fur et à mesure que vous vous exprimez .
  • Vous ne tolérez pas l'incertitude.
Centration (4)
  • Vous préférez traiter une seule information à la fois, clarifier ce point et allez au bout de votre objectif avant de passer à un autre point.
  • Votre travail est de type intensif car vous n'aimez pas faire plusieurs choses à la fois.
Balayage
  • Vous menez volontiers plusieurs activités de front sans toujours finir chacune d'entre-elles.
  • Vous construisez votre savoir progressivement. Votre travail est de type extensif, car vous aimez papillonner en allant et venant parmi vos activités.
Cerveau gauche
  • Vous êtes logique, analytique, digital, rationnel, à l'aise avec la théorie.
  • Le cerveau gauche gère le langage, les codes. C'est le lieu de l'abstraction. L'approche est axée sur les détails.



Cerveau droit
  • Vous êtez intuitif, créatif. Vous utilisez volontiers les comparaisons et les métaphores.
  • Le cerveau droit gère les images, il est synthétique, global. Il fonctionne non pas avec les codes mais avec les analogies, il est le lieu du concret, du palpable, de l'action.




(1) D'après Antoine de la Garanderie
(2) D'après Herman Witkin et Michel Huteau
(3) D'après Jérôme Kagan
(4) D'après Jérôme Bruner (1956)

Remarques:

1-Cette présentation sous forme de tableau pourrait laisser suggérer que ces différents styles cognitifs s'opposent. En fait, chacune des oppositions du tableau ne réprésente en réalité que les extrêmes d'un spectre beaucoup plus diversifié. Il s'agit, dans chaque cas, d'un continuum avec un "curseur" qui peut se déplacer en fonction de chacun.
2- Toutes ces façons d'apprendre sont à priori aussi valides les unes que les autres.Il n'ya pas de bon ou de mauvais style d'appentissage.Tous ces styles sont en relations étroites et ne s'excluent pas les uns les autres. Par exemple, écouter et parler demandent à un apprenant d'être à la fois intuitif et analytique, auditif et visuel.
3- Ces différences de style correspondent , d'après Dunn et Dunn, à un trait de comportement difficilement modifiable. Ainsi Herman Witkin a pu tester les mêmes personnes à plus de vingt ans d'intervalle et retrouver chez elles des styles cognitifs inchangés. Ce qui ne signifie pas que notre façon d'apprendre soit programmée ou déterminée. La Garanderie a parlé à ce sujet de "profil individuel" qui s'adapte selon la nature des activités.

Jean-Pierre Astolfi (1) nous propose à ce sujet 3 réflexions:

A- On ne peut pas dresser le portrait-robot de chaque apprenant

Les styles d'apprentissage ne permettent pas de classer les individus dans des catégories strictes. Ils ne reflètent qu'un aspect particulier de la complexité des personnes.
Par conséquent, il est impossible de reconstituer, à partir de ces données (cf. tableau à la page précédente), l'ensemble d'une personnalité d'élève ou de normaliser la démarche d'apprentissage des apprenants. L'enseignant est alors amené à examiner pour chaque exercice quel est l'aspect le plus directement concerné.
Ex: Lors d'un travail autonome, on va favoriser les dépendants du champs si on leur propose une gamme de choix de sujets où chacun pourra trouver un sujet qui lui correspondra. Mais en même temps on peut favoriser les indépendants du champs en proposant un cadre ouvert quant à la production attendue, aux phases de travail, aux modalités d'organisation des élèves. Tout dépend donc des modalités précises qu'organisent l'enseignant.

B- L'enseignant n'est pas neutre

Notre façon d'enseigner reflète notre façon d'apprendre. Nous oublions souvent que nous sommes nous-mêmes situés quelque part par rapport à ces styles, que nous ne sommes pas neutres. Jean-Louis GOUZIEN définit deux caractéristiques propres à chacun, d'une part le "système personnel de pilotage de l'apprentissage" (S.P.P.A.) et d'autre part, le "système personnel de pilotage de l'enseignement" (S.P.P.E.). Il démontre que notre S.P.P.A. influence grandement notre S.P.P.E.
Un enseignant doit alors varier ses dispositifs (au lieu de répéter toujours ceux avec lesquels il est à l'aise) afin de ne pas pénaliser les apprenants qui ont un style d'apprentissage différent du sien.
Par exemple, un enseignant plutôt de style impulsif qui privilégie habituellement les apprenants qui répondent de façon spontanée à ses questions, pourrait demander de temps en temps à ses apprenants de prendre du temps pour réfléchir (et éventuellement écrire au brouillon) avant de répondre. L'enseignant devra alors repérer l'intervention d'un apprenant toujours silencieux lorsqu'il faut répondre de façon instantanée.

C-Trouver un juste milieu


 
Deux manières d'enseigner peuvent gêner un apprenant dans son apprentissage:
- lui proposer une activité dont le but est trop éloigné de ses possibilités (il se décourage).
- lui proposer des activités trop "sur mesure", privilégiant uniquement ses possibilités immédiates (il ne va pas évoluer).
Notre enseignement se devra, par conséquent, de:
- ne pas pénaliser l'apprenant dont le style d'apprentissage est éloigné du nôtre.
- éviter d'enfermer chacun dans son propre système et proposer à l'apprenant une évolution possible pour son apprentissage. Il faut aider l'apprenant à prendre conscience de ses préférences mais aussi de ses besoins d'apprentissage, c'est-à-dire les qualités qu'il n'a pas encore et qu'il lui faut développer.

Conclusion

Il est impossible de classer un apprenant dans des "catégories" d'apprentissage. Comme l'enseignant est toujours face à un public d'apprenants hétérogène quant à leurs styles d'apprentissage, l'enseignant doit varier ses activités afin de ne pas privilégier un "type" d'apprenant. L'enseignant peut aider l'apprenant à découvrir ses styles d'apprentissage "dominants" et peut, éventuellement, discuter avec sa classe de ses méthodes de travail employées.
L'enseignant doit s'adapter à l'apprenant en l'aidant à se dépasser. C'est pourquoi tout apprenant a besoin d'une pédagogie à sa mesure et de se mesurer à d'autres pédagogies.
(1) J-P ASTOLFI, "A propos des styles d'apprentissage" in Les cahiers pédagogiques n°336, sept. 1995

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